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Au-delà : le deuxième chapitre. Sophie.

Au-delà : le premier chapitre d'un roman

CHAPITRE 2. Sophie.

 

Elle m’avait cloué le bec, ça ne faisait pas un pli. Mais, même si son comportement était singulier, elle ne ressemblait pas à une folle sortie d'un asile.

Et pour tout dire, si nous nous étions rencontrés dans d'autres circonstances, j’aurais été certainement sensible à son charme, parce que, objectivement, elle était vraiment très jolie.

Elle s’approcha du lit tout en regardant attentivement la malade. Elle ne semblait pas inquiète, elle avait un regard bienveillant.

Je m'étais radouci, elle ne représentait pas de menace après tout. Je lui demandai alors plus sereinement :

Elle avait beau être gentille et jolie, mais je n’étais pas d’humeur à causer toute la nuit. Je n’avais toujours pas compris la raison de sa présence. Ma politesse venait d’atteindre ses limites, je lui demandai une dernière fois de quitter les lieux :

Mon argumentaire ne sembla pas l’atteindre plus que cela, elle me répondit avec un calme inébranlable :

 Elle n’avait manifestement pas compris le message, je me devais d’enfoncer le clou, je commençais à avoir un peu de mal à garder mon calme au vu de son entêtement :

L’inconnue me regarda alors fixement avec un demi-sourire :

Elle quitta aussitôt et solennellement la pièce en silence. La porte se referma tout aussi discrètement, me laissant perplexe. Pas facile de trouver le sommeil après une telle rencontre. J’essayai pourtant.

***

J’ouvris les yeux péniblement, mais avec l'agréable surprise d’apercevoir ma chère Claire réveillée ! C'était bien la première fois que j’étais content qu'elle m'engueule ! Et, une fois n'est pas coutume, je pris la parole en premier :

Voir Claire rire, c’était comme le vingt-neuf février des années bissextiles…plutôt rare ! Je compris alors que quelque chose clochait dans la scène…Un rapide coup d’œil circulaire m’apprit que nous n'étions pas dans la chambre, mais dans une grande pièce complètement vide. Elle me dévisageait avec une jouissance qu'elle avait du mal à dissimuler. Elle choisit d’abréger mon calvaire et m’expliqua :

***

J’ouvris péniblement les yeux avec la désagréable impression d'avoir déjà vécu la scène.  L'infirmière rassurée continua à vaquer à ses occupations matinales tout en me demandant :

Je m’exécutai sur le champ, pensif. Avais-je rêvé ? C'était bien étrange. Si c'était un rêve, il avait l'air fichtrement réel. Monsieur et Madame Tali patientaient devant la porte. Je ne savais pas de quelle manière amorcer la discussion dans ce contexte si particulier. Je ne voulais pas être maladroit et essayer d'être un peu plus chaleureux qu'à l'accoutumée. Car, il fallait bien le dire, autant j’étais en osmose avec leur fille, autant aucun atome crochu n'avait jamais réussi à naître entre nos deux parties, eux définitivement d'un autre monde que le mien, beaucoup plus proche de la moyenne… et de la normalité. Ce sont finalement ses parents qui prirent la parole les premiers :

Que leur répondre ? Je ne me voyais pas leur dire un truc du genre. 'Elle va bien, j'ai parlé avec elle la nuit dernière…dans un rêve !' En fait, aussi fou que cela pouvait paraître, plus je me repassais la discussion dans la tête, plus je pensais, contre toute attente et toute logique, qu'elle s'était vraiment adressée à moi par ce biais. Je ne pouvais pas avoir inventé ces échanges, j’avais de l'imagination certes, mais là tout de même…Reportant mes rêvasseries à plus tard, je choisis la réponse prévisible que la sagesse me conseilla :

La déception se lisait sur leurs visages. Je crus alors bon d'ajouter cette phrase consternante :

Le papa visiblement ému répondit à son tour :

La conversation fut interrompue par un homme d'un certain âge, cheveux grisonnants, en blouse blanche, un toubib quoi.

N'attendant manifestement pas de réponse, il poursuivit, concentré, son monologue :

Les trois spectateurs que nous étions s’exécutèrent, disciplinés, et puis il faut dire que son autorité naturelle ne nous avait pas laissé le choix. La petite pièce, qui aurait eu bien besoin d'un rafraîchissement, faisait pâle figure. Le bureau semblait avoir été récupéré dans un vieux lycée et les deux chaises avoir fait (au moins…) les deux guerres. La décoration était, elle, quasi inexistante à rendre dépressif un décorateur. Mais qu'importe, ce n’était pas dans ce genre d'endroit que l'on recherchait du confort, encore que…

Les parents de Claire auraient mérité un peu plus d'égards, non pas en raison de leur position sociale, mais bien par rapport au malheur si particulier qui les frappait. Il n'y a rien de plus horrible que de ne pas savoir. Se battre contre l'inconnu est le pire des combats. Je restai bien évidemment debout, je tenais tant bien que mal la place d'un frère qui n'existait pas, et, chose curieuse, je me sentais pour une fois à ma place.

La porte s'ouvrit enfin au bout d'une interminable demi-heure, laissant apparaître ledit professeur, ainsi que l'infirmière attitrée qui le suivait comme son ombre. Son air fermé et grave en disait déjà long. Il s'assis sur un tabouret caché sous le bureau – que ne ferait-on pas pour garder le peu de mobilier que l'on a – et, sans préambule, nous exposa le résultat de ses investigations.

Levant la tête, il s'adressa alors directement à moi :

Je ne prononçai aucun mot, j’acquiesçai simplement de la tête. J’étais en train de devenir petit à petit la pierre angulaire de la situation et cela commençait à m’inquiéter car j’avais peur de décevoir.

Il n'y avait manifestement plus rien à ajouter. Nous quittâmes donc la pièce dans un silence glaçant. Ses parents partirent en direction de la chambre de la jeune adolescente, tandis que moi je préférai les laisser en famille et en profitai pour descendre au rez-de-chaussée boire un petit café bien mérité. J’empruntai l’unique ascenseur qui s'exécuta tout aussi péniblement que la veille. Ce dernier fit une pause au deuxième étage, les deux portes s'ouvrirent laissant apparaître Sophie qui ne semblait pas étonnée par notre rencontre. C'est elle qui engagea la discussion avec un demi-sourire à peine dissimulé :

Sur ce, elle m'accompagna sans même demander mon accord jusqu'à la salle de détente recherchée. On avait l'impression qu'elle connaissait les lieux comme sa poche, comme si elle était chez elle. Elle crut bon de prévenir :

Le face à face silencieux dura une bonne dizaine de minutes quand je décidai de briser la glace :

 Sophie sourit alors, elle avait manifestement beaucoup apprécié la description :

 Je dois dire que ce genre de réponse semblant sortir tout droit d’un film fantastique me laissa dubitatif :

 Nous n'échangeâmes pas d'autres propos durant la remontée. Il y avait beaucoup de monde et il n'aurait pas été simple d'avoir ce genre de discussion, sauf si bien sûr on désirait obtenir une chambre dédiée dans l'établissement…

Nous frappâmes à la désormais célèbre porte 225. Ses parents n'étaient déjà plus là. On pouvait difficilement leur en vouloir. Cette situation était désarmante pour le moins.

Claire ne semblait pas avoir bougé d'un millimètre depuis la veille. Pensais-je, tristement. Le lit avait été fait, la chambre nettoyée, la routine quoi. Je me tournai alors vers Sophie et lui demandai, très curieux :

 Elle me regarda amusée :

Elle quitta aussitôt et promptement la pièce comme à son habitude. La porte se referma me laissant bien mélancolique. Une tristesse bien évidemment due à la situation particulière, mais aussi – j’étais en train de m'en rendre compte – au fait que la seule personne à qui je pouvais désormais me confier était Sophie. Midi approchait, le célèbre et non moins délicieux plateau avec. Je me surpris à parler à haute voix :

Curieusement, j’espérais, sans trop y croire, qu'elle allait me répondre. Je lui assénais comme à mon habitude un humour toujours aussi mauvais selon ses dires. Le silence assourdissant devenait de plus en plus lourd. Je repartis à la recherche de la fameuse télécommande qui commençait à se faire désirer. Je cherchais en vain à quatre pattes depuis un bon quart d'heure quand j’entendis frapper. C'était le père de Claire qui entrait avec une démarche visiblement hésitante.

Il fit une pause comme si cela lui coûtait de se retrouver, une fois n'est pas coutume, dans une situation de vulnérabilité. Il reprit avec peine, se faisant manifestement violence.

***

Voilà, j'espère que ce second chapitre vous aura passionnés.

Christophe.

Edit : j'ai appris que CTRL AL SUPPR, mon livre précédent, a été piraté et diffusé sans mon accord sur des plateformes douteuses…Du coup, à partir du prochain chapitre, l'accès sera restreint aux Abonnés Premium, et si je décidais de le publier sur Amazon, il n'est pas certain qu'il soit disponible au format numérique Kindle.

Je n'ai pas cherché à gagner de l'argent, CTRL ALT SUPPR est disponible à partir d'un euro seulement, je trouve lamentable que des personnes mal intentionnées diffusent sans mon accord et en toute illégalité mes écrits.

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