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Le livre : chapitre 2.

Je vous invite à découvrir le deuxième chapitre de ce roman appelé provisoirement et sobrement Le livre.

Vous avez été près de 200 curieux à manifester votre intérêt pour ce début d'histoire la semaine dernière, j'espère que la suite vous plaira tout autant. ;-)

Voici le résumé pour les retardataires dont la tournure ressemble, c'est volontaire, à celui de CTRL ALT SUPPR :

Deux adolescents reçoivent en cadeau un vieux livre d’un inconnu, voilà une intrigue des plus quelconques.

Sauf que le livre se révèle posséder des facultés - disons hors normes - on peut du coup légitimement penser que l’on ne va pas s’ennuyer à la découverte de cette aventure, non ?

Ce qui est sûr c’est que vous n’ouvrirez plus jamais un livre de la même manière, vraiment plus.

Le chapitre 1 est accessible par ICI.

***

Chapitre 2

Beaucoup de questions

 

 Je me couchai bien pensif ce soir-là. Cette monotonie délétère qui m’empoisonnait l’existence venait d’être rompue… et je m’en réjouissais.

Oui, aussi surprenant que cela pouvait paraître, j’étais heureux d’avoir rencontré ce vieux monsieur si spécial, c’est le premier adjectif qui me vint à l’esprit pour le décrire. Je sentais qu’il était différent comme je pouvais l’être des adolescents de mon âge.

J’avais d’abord imaginé qu’il avait dû être libraire ou professeur de français lorsqu’il était en activité, personne n’est parfait, vu son insistance sur les bienfaits de la lecture. Mais ce tour de passe‑passe - réussir à subtiliser un livre par un autre totalement vierge - me laissait à penser qu’il avait dû être magicien ou exercer un métier approchant. Je me posais mille et une questions et j’aurais payé cher pour avoir des réponses.

J’avais gardé toute la soirée ce fameux livre dans les mains, je l’avais observé sous toutes les coutures. Il était désespérément vierge, même pas un code barre, une date de publication ou un lieu d’imprimerie, si ce n’était le si mystérieux titre de la couverture : CE QUE JE SAIS C’EST QUE JE NE SAIS RIEN.

Je fis d’ailleurs quelques recherches sur Internet et appris que c’était une partie d’une citation de Socrate. Cela ne m’avançait pas à grand-chose, les philosophes et moi n’avions jamais été copains à l’école, mais au moins j’avais une explication.

Je n’avais désormais qu’une seule et unique idée en tête, retrouver l’inconnu. Il était clair que j’allais retourner demain près de la fontaine du village en espérant échanger à nouveau avec lui.

Mais, je ne sais pas pourquoi, je ne voulais pas m'y rendre seul. Je n’avais pas peur - ce n’était pas une personne âgée qui allait réussir à m’effrayer - mais je sentais intuitivement, allez savoir pourquoi, que Lou devait m’accompagner.

Le problème est que je savais par avance que ce n’était pas gagné, elle avait été vexée de se faire mener par le bout du nez - l’une de ses expressions favorites - par un croulant comme elle le qualifiait elle-même.

J’entamai donc les négociations en ce matin un plus chaud que la veille avec ce qui s’apparentait à une tête de mule.

  • Allez, Lou, fais pas ta chieuse, qu’est-ce que tu vas faire toute seule chez toi !  Accompagne‑moi !

La demoiselle semblait n’avoir toujours pas digéré l’humiliation de la veille, elle me répondit agacée :

  • T’accompagner, mais pour quoi faire ? On s’emmerde là-bas et vu comment on s’est fait calmer par le vieux hier, je ne vois pas ce que l’on pourrait y faire d’intéressant.
  • Ok, et qu’est-ce que tu vas faire de plus intéressant toute seule devant ta télé ?

La discussion s’éternisa durant un bon quart d’heure, elle ne voulait rien entendre. Elle était très têtue, je le savais pour m’être déjà plusieurs fois embrouillé avec elle. Quand elle avait une idée en tête, personne ne pouvait la faire changer d’avis. Je décidai en désespoir de cause de procéder sournoisement :

  • Tu ne veux pas venir ? Ben vraiment ça m’étonne. Tu dois avoir peur de te faire ridiculiser à nouveau, ça doit être ça. Eh bien c’est pas un petit vieux qui va me la faire à l’envers. Je vais le retrouver pour lui faire sa fête, avec ou sans toi !

Lou était bornée, mais prévisible. J’étais en train de m’éloigner d’un pas décidé quand je l’entendis me rejoindre en courant tout en me disant le sourire aux lèvres :

  • Ah ouais, ça c’est un programme qui me plaît bien. On va le plumer ce coup-ci l’ancien !

J’eus toutes les peines du monde à retenir mon sourire de winner en lui répondant avec un air qui se voulait détaché :

  • On fait cinquante-cinquante, comme d’hab ?

Louise ne prit pas la peine de me répondre, elle venait d’accélérer le pas et de me dépasser, concentrée sur l’objectif.

Je dois l’avouer, j’avais un peu honte de l’avoir fait marcher comme cela, je savais qu’elle me le ferait payer. Mais peu importe, je pouvais me montrer aussi entêté qu’elle, je voulais absolument retrouver le vieil inconnu, j’avais vraiment trop de questions sans réponses.

Nous étions décidément ponctuels, arrivés à 11 heures pétantes, comme à notre habitude, malgré le temps que nous avait pris notre discussion pour le moins houleuse.

Quelle ne fut pas ma surprise en apercevant la magnifique Audi noire déjà stationnée - et à la même place que la veille - qui semblait nous attendre.

Malheureusement aucune trace du conducteur, que ce soit à l’intérieur du luxueux véhicule ou dans les environs proches.

Nous avons alors visité toutes les boutiques environnantes sans succès, il était bien caché le bougre !

Je sentais la déception et l’énervement de Louise augmenter. J’étais de mon côté à court d’idée et commençais à envisager un retour au bercail quand mon attention fut attirée par ce qui ressemblait de loin à un papier coincé sous l’un des essuie-glaces de sa voiture !

Je ne l’avais pas remarqué tout à l’heure en arrivant, il est vrai que je n’avais pas de raison particulière de regarder le pare-brise.

Je savais pertinemment que cela ne pouvait pas être un PV, et pour cause, ni une quelconque publicité distribuée, ce n’était pas dans les habitudes du coin.

Je me précipitai donc, suivi par une Louise perplexe en direction du véhicule.

Ma curiosité était à son comble quand j’arrachai, au risque de la déchirer, la missive mystère, observé par une Louise surexcitée.

Je dépliai la lettre pour découvrir un texte manuscrit avec une très belle écriture, mais ce n’est pas le sujet, qui disait :

Tu en as mis du temps. 

Retrouve-moi avec ta copine écervelée sur le parking de la gendarmerie à 23h. 

Le Vieux. 

J’étais pour ma part abasourdi et Louise furieuse et c’est un doux euphémisme.

Abasourdi car j’avais l’impression qu’il s’adressait à moi et qu’il avait anticipé ma venue. Et pour ce qui est de Louise, la référence à son manque de culture avait déclenché une rage indescriptible, et on pouvait la comprendre.

Nous approchions de midi et il était clair que la journée allait être longue jusqu’à l’heure du rendez-vous.

Car il n’y avait aucun doute dans mon esprit, je voulais à l’origine revoir ce vieillard car il avait attisé ma curiosité, je ne lui voulais aucun mal. Mais il était clair que cette provocation nous avait donné une envie irrépressible d’en découdre avec l’inconnu. On allait s’expliquer c’est sûr et il allait devoir s’exécuter ce coup-ci.

L’heure tant attendue arriva, nous étions remontés, c’était le moins que l’on pouvait dire. Ce lieu me rappelait de mauvais souvenirs, et pour cause, et je n’espérais pas y revenir de sitôt. J’avais une appréhension, je m’étais demandé si ce n’était pas un guet-apens du fait de la proximité immédiate du poste heureusement fermé à cette heure tardive.

Nous guettions le fameux véhicule aux célèbres anneaux, le temps s’écoulait mais il ne se présentait pas. Nous nous sentions ridicules de faire le pied de grue à une heure aussi tardive et dans un endroit aussi improbable.

Inutile de vous dire que si moi j’étais déçu, Louise, elle, était dans un état indescriptible, et pour une fois, moi qui la trouvait habituellement soupe au lait, je comprenais parfaitement sa colère.

Je proposai donc alors :

  • Il ne viendra pas cet imbécile. Et si nous retournions sur le parking voir si sa voiture y est toujours ?

Mon interlocutrice acquiesça non sans émettre une réflexion bien sentie :

  • Putain, si je le chope je réponds de rien !

Le véhicule n’était pas stationné comme on pouvait logiquement s’y attendre. Il s’était bien moqué de nous le bougre, je l’imaginais en train de se marrer bien au chaud chez lui.

Nous sommes rentrés ce soir-là chacun de notre côté chez nous avec encore plus de questions que la veille.

Je dormis très mal cette nuit-là. Je n’arrêtais pas de me retourner dans mon lit. N’importe qui serait passé à autre chose, quoique ce ne fût pas si sûr en y réfléchissant, mais je n’arrêtais pas de me poser un nombre infini de questions tout en triturant ce livre désespérément vide qui semblait me défier.

Nous ne nous étions pas donné RDV le lendemain car c’était pour le coup une évidence. C’était plus fort que nous, nous devions retourner sur ce parking pour voir ce qu’il en était.

Nous sommes arrivés en avance, et nous n’avons pas été étonnés de voir la fameuse voiture garée bien sagement à sa désormais place attitrée.

Je me précipitai en direction du pare-brise à la recherche d’une seconde lettre qui ne s’y trouvait pas à notre grande déception.

Nous avons alors visité comme la veille toutes les boutiques environnantes sans succès, et comme la veille il demeurait introuvable…

J’eus alors le réflexe, je ne sus pas vraiment pourquoi, de retourner en direction du véhicule où nous attendait un nouveau message !

C’est Louise qui fut ce coup-ci la plus rapide (et sûrement la plus remontée) et qui attrapa le fameux courrier, j’ai cru qu’elle allait arracher l’essuie-glace qui n’avait rien demandé à personne.

Nous pûmes alors découvrir un texte manuscrit, toujours avec cette très belle écriture, qui disait :

Avant l’heure ce n’est pas l’heure.

Vous avez réussi le premier test.

Reviens demain matin à la même heure.

N’oublie pas d’amener le livre ainsi que l’idiote.

 Bon, je crois que l’on nous a déclaré la guerre.

***

N'hésitez pas à vous exprimer, que vous ayez aimé ou non. ;-)

Christophe.

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Christophe, Administrateur

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Alain

Bonjour Christophe, Décidemment, ces deux adolescents n’ont vraiment pas de chances et découvrent que ce petit vieux n’est vraiment pas comme les autres. Il est claire que l’histoire est bien partis de l’idée de CTRL ALT SUPPR, mais avec une autre approche tout aussi passionnante. Décidemment, je découvre tout à coup que je deviens accros à tes histoires et j’attends la suite avec une grande impatience. Quelques chose me dit, que la suite va être très intéressant et que ces deux adolescents un peu mal partis dans la vie on va dire, vont finalement remercier ce vieux Monsieur de leurs… Lire la suite »

Mia

Hello Christophe,
Voilà, je suis à jour dans la lecture de tes romans ;-) , j'ai relu le 1er chapitre car j'ai la mémoire courte.
Depuis toute petite, j'ai une grande préférence pour la littérature fantastique, mais je trouve souvent que les auteurs restent prudents.
'Le livre' en est au tout début, difficile de juger, mais pour 'Au-delà' tu t'es bien lâché :yahoo: .
Merci de m'avoir distraite durant mes vacances sans PC avec ces mondes imaginaires. :yes:

Didier

Salut Christophe

Ça me plaît bien cette histoire, du même registre que Ctrl Supp………avec ce même suspens !

Tu es le fils caché d’Alfred Hitchcock…..!! :yes:

Bon Dimanche

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